"Decentered Mormonism," 29-30 March 2019, University Bordeaux Montaigne

Le mormonisme décentré : État des lieux de 180 ans d’expansion internationale

Appel à communications – CFP 

Suivant le modèle de prédicateurs itinérants, hérité du contexte du deuxième Grand Réveil qui l’a vu naître, et des prosélytes néotestamentaires, des missionnaires mormons ont commencé dès juin 1830 à évangéliser dans des contrées étasuniennes et canadiennes puis, dès 1837, à répandre cette religion dans le monde, en commençant par l’Angleterre.

L’expansion du mouvement a été telle qu’on assiste depuis 1996 à un décentrement numérique du mormonisme : plus de la moitié des 16 millions de fidèles et plus déclarés par le mouvement résident en dehors des États-Unis, dans les 184 autres pays et territoires où il s’implante ou est déjà implanté. Le corollaire de ce décentrement est une tendance à la diversification culturelle dans sa haute hiérarchie, et bien plus encore au sein de cette majorité numérique. Cette dynamique d’expansion et de décentrement numérique ouvre un champ d’étude passionnant à confronter au fait que ce mouvement, que l’on sait extrêmement organisé et hiérarchisé, peut aussi recourir au recentrement, au repli (retrenchment), en durcissant ses positions sur certains sujets de société.

S’il est indéniable que ces durcissements génèrent souvent des tensions internes aux États-Unis et, dans une moindre mesure, dans les cultures occidentales, on sait aussi qu’ils peuvent s’avérer un facteur de renforcement et d’attraction dans d’autres cultures. De fait, l’expansion se révèle un défi pour les dirigeants du mouvement qui doivent « penser global » sans pour autant négliger les problématiques propres à chaque culture. Les stratégies déployées par les dirigeants pour résister au morcellement et à l’implosion aux États-Unis auront un intérêt pour ce colloque pour autant qu’elles permettent de mettre en lumière une approche différenciée et localisée dans la prise en charge des besoins du centre nouveau et diversifié du mormonisme.

Le parti pris de ce colloque est en effet d’étudier le mormonisme alors qu’il se répand et s’implante au-delà de son environnement originel et de son centre administratif. Nous savons que les réalités rencontrées localement, au Brésil plus précisément, ont beaucoup pesé sur la décision de l’institution en 1978 d’ouvrir – à nouveau – sa « prêtrise » et les rituels de ses temples aux personnes d’ascendance africaine. Il s’agit là d’un exemple, parmi d’autres, qui vont à confirmer que loin d’être rétif au changement, le mormonisme évolue dans l’espace et dans le temps. D’où la question de savoir comment et jusqu’à quel point le mouvement s’adapte en allant à la rencontre d’autres peuples et cultures, notamment en prenant en compte le reproche qui lui est souvent fait d’être « une religion américaine ».

Si le mouvement ne peut rien changer au fait d’avoir pris naissance aux États-Unis, nous attendons des communications qui permettront de répondre à la question de savoir si et jusqu’à quel point le « décentrement » numérique du mormonisme permet, d’une part, de parler d’une dés-américanisation et, d’autre part, de statuer sur la place faite aux autres cultures, son rapport avec les États et le degré d’enracinement local.

Terre de syncrétisme compte tenu de la plasticité du vodou, on pourra par exemple partir du cas d’Haïti – où la consécration prochaine d’un « temple » viendra marquer de manière bien plus évidente l’implantation du mormonisme depuis une quarantaine d’années – pour actualiser et enrichir les travaux existants et éclairer sur la façon dont les convertis de différentes cultures (Caraïbes, Amérique Latine, Afrique, Asie, etc.) s’approprient le mormonisme, y inscrivent leurs propres réalités et façonnent en retour cette religion.

Le colloque aura lieu du 29 au 30 mars 2019 en France, dans le cadre du master « Religions et Sociétés », programme créé et dirigé par Bernadette Rigal-Cellard, à l’Université Bordeaux Montaigne.

Transdisciplinaire, le colloque s’adresse aussi bien aux chercheurs confirmés qu’aux débutants, en particulier ceux qui ont déjà mené ou mènent des recherches sur le mormonisme et entendent les approfondir. En fonction des ressources disponibles, une aide au voyage pourra être attribuée à ces derniers.

Les propositions (300 mots) ainsi qu’une courte biographie sont à envoyer à decenteredmormonism@gmail.com au plus tard le 30 novembre 2018. Les réponses interviendront à partir du 15 décembre 2019.

Les textes soumis à l’issu du colloque pour parution dans les actes sont soumis à une double évaluation à l’aveugle.

 

Decentered Mormonism: Assessing 180 Years of International Expansion

Call for Papers

Following a pattern of itinerant preachers, inherited from the Second Great Awakening context from which their religion emerged, and from New Testament proselytes, Mormon missionaries began as early as June 1830 to go on missions. First, they traveled within the United States and Canada; then, looking beyond North America, they began to take their religion across the world starting with a mission to England as early as 1837.

The expansion of the movement has been such that we have witnessed in 1996 a shift in its numerical center: more than half of its 16 million plus of adherents reside outside of the United States, in the 184 countries and territories where it is taking or has taken roots. With this shift, the movement tends to be more diversified culturally in its most visible leadership bodies, and even more so within this numerical majority. This dynamic of expansion and of numerical decentering is a fascinating research theme to be confronted with the fact that the movement, which is known to be very structured and hierarchical, can also resort at times to a form of theological recenteredness, or of retrenchment, by toughening up its positions on certain issues.

While such retrenchment surely leads to internal tensions in the United States and, to a lesser degree, in other Western cultures, it can also prove to be a source of strength and of attraction elsewhere. As such, expansion tends to be a challenge for the leaders of the movement who have to “think global” while dealing with specific societal issues. The strategies set into motion by the movement to resist fragmentation and maintain cohesion in the United States will interest this conference inasmuch as they can bring to light a differentiated, culturally-sensitive approach in addressing the needs of the new and diversified center of Mormonism.

The aim of this conference is indeed to study Mormonism while it expands and takes roots beyond its original environment and administrative center. We know that some of the local realities the movement has encountered in Brazil, for instance, have weighed significantly to bring about its 1978 decision to open – anew – its priesthood and temple rituals to members of African ancestry. Such a move is one instance, out of many, which go to confirm that far from being ontologically opposed to change, Mormonism does evolve in time and in space. This begs the question as to the extent to which the movement has adapted, can adapt as it encounters new peoples and new cultures, especially in light of the recurrent critique that it is “an American religion”.

While the movement can do nothing about the fact that it originated in the United States, we hope the presentations in the conference will help determine on the one hand whether and to what extent a numerically “decentered” Mormonism also means a de-americanized Mormonism. On the other hand, we expect the communications to help come to an informed opinion on the place of other cultures in the movement, on how expansion contributes to interaction with local, state authorities and the extent of its localization.

Haiti – land of syncretism thanks to the flexibility of Vodooism and where Mormonism is about to mark 40 years of presence with the consecration of a temple – can serve for instance as a starting point to update and enrich existing scholarship and shed light on how converts of different cultures (Caribbean, Latin America, Africa, Asia, etc.) own Mormonism by inscribing it into their everyday lives and shape Mormonism in return.

The conference will run from March 29thto 30th, 2019 in France, in connection with the master’s program of “Religions & Sociétés” (Religions and Societies), a program founded and directed by Bernadette Rigal-Cellard, at Bordeaux Montaigne University.

We will consider propositions from all disciplines, both from experimented and emerging scholars, especially those who are doing or plan to do advanced research on Mormonism. Depending on resources and needs, some travel assistance may be awarded.

Send paper proposals (300 words) and a short biography by November 30, 2018 to decenteredmormonism@gmail.com (please note that previously, another email was listed here [decenteredmormonismconf@gmail.com], which is incorrect). Notifications of final decision will be sent around December 15, 2018.

Papers accepted for the conference must be submitted again for blind review to be considered for publication.

 

Organisateurs / Conference organizers:

Carter Charles, Brigham Young University (Utah, USA)

Lewis A. Clorméus, Université d’État d’Haïti (Port-au-Prince, Haiti)

Julie K. Allen, Brigham Young Univeristy

Bernadette Rigal-Cellard, University Bordeaux Montaigne (France)

 

Comité scientifique / Scientific Committee:

Carter Charles, Brigham Young University

Lewis A. Clorméus, Université d’État d’Haïti

Julie K. Allen, Brigham Young Univeristy

Bernadette Rigal-Cellard, University Bordeaux Montaigne

Pierre Vendassi, Centre Emile Durkheim, Bordeaux University

Caroline Kline, Claremont Graduate University (California, USA)

Melissa Inouye, University of Auckland (New Zealand)